Cyril Viennot (à gauche) et Anne Henriet (à droite), soutiennent Héloïse Courvoisier, épuisée à l’issue de la manche de coupe du Monde d’Osselle, le 15 juin 2024 – Photo Xavier Ducordeaux
18 juin 2024-
En couple dans la vie, les Dolois Cyril Viennot et Anne Henriet s’apprêtent à disputer les Jeux Paralympiques. Triathlètes aguerris, ils enfileront la tunique bleue de guides pour accompagner Thibaut Rigaudeau et Héloïse Courvoisier, déficients visuels.
Ça risque d’être la très belle histoire des jeux Paralympiques. Cyril Viennot et Anne Henriet sont en couple dans la vie. Installés à Dole (39), ils vont se séparer cet été, pour la bonne cause. Cyril a déjà obtenu son ticket pour Paris 2024. L’ancien triathlète de haut-niveau, champion du monde longue distance en 2015, a accepté le challenge que lui a lancé la Fédération Française Handisport : devenir guide du para triathlète Thibaut Rigaudeau, déficient visuel. Une évidence pour le dolois, enseignant dans la vraie vie.
La déception de Tokyo
L’histoire a débuté en 2019, alors que Thibaut découvrait tout juste la discipline. Ensemble, les deux hommes ont appris à se connaître : « Cyril est très pro, carré ; il m’a fait progresser très vite » avance Thibaut Rigaudeau. Dès leur première collaboration, ils obtiennent une troisième place en coupe du monde, au Canada. Deux ans plus tard, ils échouent d’un rien à Tokyo pour leur première Olympiade, la médaille en chocolat comme lot de consolation. C’est décidé : ils poursuivront leur collaboration jusqu’à Paris, car « cette quatrième place à Tokyo, c’était vraiment moche à vivre » se rappelle Cyril Viennot.
Au coude à coude avec les Américains, Thibaut Rigaudeau et Cyril Viennot feront la différence sur la course à pied lors du triathlon d’Osselle – Photo Xavier Ducordeaux
Anne n’est pas encore certaine de participer aux Jeux Paralympiques. Elle aussi est guide pour une athlète déficiente visuelle : Héloïse Courvoisier. Qui n’est autre que … la compagne de Thibaut Rigaudeau. Les deux femmes ont démarré leur collaboration plus tard, fin 2020. Héloïse était totalement novice dans la discipline : « les garçons nous ont poussé, nous ont montré la voie. On s’est dit, pourquoi pas ? Mais jamais on ne pensait atteindre le haut-niveau » se remémore Héloïse. Sauf qu’entre les deux athlètes, ça matche. Aujourd’hui, elles sont 6es mondiales : « On saura le 10 juillet si la fédération nous retient pour Paris 2024 » précise Anne, qui avoue qu’elles seraient très déçues de ne pas vivre l’aventure paralympique. D’autant plus que ce sera la première et la dernière pour elle. A 43 ans, la bisontine d’origine a d’ores et déjà annoncé que Paris serait son dernier défi de sportive de haut-niveau.
Reliée par un élastique, Anne passe devant Héloïse au moment de la transition entre la nage et le vélo – Photo Xavier Ducordeaux
Cyril aussi va tourner la page. Les Jeux Paralympiques le 2 septembre, les championnats d’Europe fin septembre, puis les mondiaux en novembre, et il dira stop : « A bientôt 42 ans, je ne pourrai pas maintenir ce niveau-là indéfiniment. Pour l’instant, il n’y a pas de baisse, mais les efforts qu’il faudrait faire pour rester à ce niveau seraient démentiels. » Le couple ne se voit pas non plus poursuivre une aventure qui les éloigne trop souvent de leurs deux enfants, Camille et Raphaël : « Nos parents et beaux-parents sont géniaux, ils les gardent sans jamais se plaindre. Mais on a besoin de revenir à une vie normale » avoue Anne.
L’importance du départ en natation : Cyril doit faire sa place, tout gardant Thibaut à son contact – Photo Xavier Ducordeaux
En attendant la retraite, le double-couple veut vivre son rêve à fond. Cyril et Thibaut visent au minimum un podium, « voir mieux : une médaille d’argent » avouent-ils. Devant eux, deux Britanniques, qu’ils n’ont jamais battu en compétition. Trop rapides à la course. Anne et Héloïse, si elles sont sélectionnées, aimeraient entrer dans le Top 5. Tout en s’autorisant à rêver : « On a reconnu le parcours, il est très exigeant. De l’eau avec du courant, un circuit sur pavés, beaucoup de virages, très techniques : il risque d’y avoir des surprises » relèvent les deux femmes, espérant secrètement rentrer de Paris avec une médaille au tour du cou. Ce serait vraiment la belle histoire de l’été.
Deuxièmes de l’épreuve de coupe du monde d’Osselle (25) le 15 juin, Anne et Héloïse signeraient pour un même résultat à Paris – Photo Xavier Ducordeaux
Pour suivre Anne et Cyril à Paris :
Lundi 2 septembre 2024, départ à 10h15 pour les hommes, 10h30 pour les femmes