La fête est finie mais les souvenirs sont éternels. A 45 ans, la Bisontine Séverine Baillot, licenciée à l’ASPTT Besançon, vient de vivre ses premiers Jeux Paralympiques avec l’équipe de France de volley assis. Une expérience grandiose qu’elle nous fait partager avec enthousiasme.
« Comment pouvez-vous décrire l’événement que vous venez de vivre ?
C’est un événement unique, c’est la chance d’une vie ! Participer aux Jeux Paralympiques, en plus dans son pays, c’était grandiose. Je vais mettre du temps pour atterrir. On s’imagine des choses mais je ne pensais pas que cela serait aussi grand. La ferveur du public… Il faut dire ce qui est, en volley assis, on ne remplit pas les gymnases, donc se retrouver avec 3 000 personnes venues nous encourager, c’était quand même énorme. Dans ces moments-là, on a les poils qui se dressent comme on dit.
L’environnement n’était-il pas trop pesant justement ?
Cela pompe beaucoup d’énergie, mais en même temps cela nous en donne encore plus. On se dit « le public est là pour nous ». Même si on fait des erreurs, le public nous les pardonne parce que on est là aussi pour apprendre, prendre de l’expérience, faire connaître notre sport. L’ambiance nous porte, nous incite à nous battre dans des moments difficiles, nous permet de célébrer chaque point avec le public. C’est énorme, ça fait énormément de bien !
Comment décrire l’ambiance au village olympique ?
Pareil, c’était vraiment extraordinaire. Toutes les nations mélangées, tous les sportifs ensemble. Tout le monde a le sourire, les athlètes, les bénévoles… Quelle que soit la personne qu’on croise, elle est de bonne humeur. Même les plus grands sportifs avec plein de médailles restent toujours accessibles. C’est incroyable de les côtoyer, de se promener ensemble, de manger ensemble. C’est assez fou ! Et les conditions sont très bonnes. On mange bien, on dort bien. Cela serait indécent de se plaindre.
Des rencontres marquantes ?
Oui, on a rencontré le nageur brésilien Gabriel Dos Santos Araujo*, qui a fait le buzz. Un personnage extraordinaire ! Et plein d’autres, les autres sportifs de la délégation française, les gars de l’équipe du cécifoot, du rugby fauteuil, du basket-fauteuil, les triathlètes, les athlètes. On discute, on échange.
Les cérémonies ?
J’ai pu participer aux deux. Lors de la cérémonie d’ouverture sur les Champs-Élysées, le public a été extraordinaire. On s’est dit « Waouh ! Tout ça, c’est pour nous ? » J’avais l’habitude d’être devant ma télé et là, je faisais partie des acteurs, c’est très émouvant. Il y a une fierté quand même de se dire qu’on se bat mais qu’on sait pourquoi. Ça vaut tellement le coup, c’est extraordinaire ! Moi qui ai toujours rêvé d’une carrière sportive…
Les difficultés sportives n’ont-elles pas compliqué les choses ?
L’ambiance dans l’équipe et autour de l’équipe est restée bonne. Notre équipe n’a que 4 ou 5 ans d’existence et on a affronté les meilleures nations du monde : les Américaines, doubles championnes paralympiques, triples maintenant, les Chinoises, les Italiennes, championnes d’Europe, le Rwanda, meilleure nation d’Afrique. On savait que ça allait être dur face à ces équipes très expérimentées. Nous, on est des bébés à ce niveau-là. On était là pour apprendre, progresser et préparer la suite, montrer qu’on est des guerrières. On a gardé la tête haute. Et on n’a pas lâché. On ne retient pas les défaites.
La compétition terminée, avez-vous assisté à d’autres épreuves ?
Je suis allée voir l’escrime, l’athlétisme, le para dressage sur le site de Versailles. Incroyable !
Comment envisagez-vous la suite ?
On va continuer à bosser ! Il y a un stage à Vichy dans 10 jours pour préparer une compétition début octobre à Prague. On espère obtenir des résultats grâce à l’expérience des Jeux. On va faire de belles choses. La motivation est là. Quand on vit une aventure pareille, on a qu’une envie, c’est d’y retourner.
Jusqu’à Los Angeles 2028 ?
C’est encore loin mais je dirais : pourquoi pas ? Avant 2028, il faudra incorporer de nouvelles filles dans l’équipe pour amener du sang neuf.
Vous avez intégré les Bleues il y a un an seulement. Estimez-vous que vous avez, à titre personnel, une marge de progression ?
Oui, j’espère bien ! Un an d’expérience, ce n’est rien du tout. J’ai beaucoup de choses encore à apprendre.
Comment imaginez-vous le retour dans votre club de l’ASPTT ?
Cela sera la semaine prochaine, je pense. Il va falloir reprendre les entraînements retrouver la routine, faire le point sur les choses positives, les choses moins bien, avec l’entraîneur.
Une anecdote, un moment, un événement vraiment mémorable, que vous avez envie de partager…
Lorsqu’on est rentrée la première fois sur le terrain, pour notre premier match contre l’Italie. Là on avait envie de se pincer pour y croire. C’était très très fort, pas réel ! Et la Marseillaise… Des conditions comme ça, c’est tellement fort que c’est difficile à décrire. On ne s’imagine pas les émotions qui passent à ce moment-là. »
*Gabriel Dos Santos Araujo, un Brésilien de 22 ans, est devenu une des grandes attractions des Jeux puis une star des réseaux sociaux, en décrochant trois médailles d’or en para-natation. Privé de ses bras à la suite d’une malformation congénitale et souffrant de jambes atrophiées, il nage en ondulant avec une aisance prodigieuse et ponctue ses exploits en faisant le show autour du bassin.