Pour ses premiers Jeux, Gwendoline Matos et l’équipe de France de goalball se sont lourdement inclinées face au Canada (10-0). La bisontine a néanmoins profité de ce moment historique, devant sa famille : c’était la première fois qu’une équipe de France de goalball était alignée aux Jeux Paralympiques.

Elle attendait ce moment depuis des années. Mais elle ne s’imaginait sans doute pas vivre un tel scénario, digne d’un film catastrophe. Pour ses premiers Jeux Paralympiques, la bisontine Gwendoline Matos et ses copines de l’équipe de France de goalball ont pris une claque face à la très solide formation canadienne : 10 buts encaissés, 0 marqué, et un match arrêté à 2 minutes de la fin ; c’est le règlement lorsque l’écart entre deux équipes atteint 10 points …

Gwendoline Matos (N°7) et les Bleues profitent : elles font leur entrée sur le parquet paralympique de Paris ; une première pour une équipe de France de goalball. Photo : Xavier Ducordeaux.
Gwendoline Matos (N°7) et les Bleues profitent : elles font leur entrée sur le parquet paralympique de Paris ; une première pour une équipe de France de goalball. Photo : Xavier Ducordeaux.

Dur, mais logique. L’équipe de France manque d’expérience à ce niveau. Elle participe à sa première épopée Paralympique, alors que le Canada, sixième nation mondiale, est rôdée aux joutes internationales. Déficientes visuelles, les joueuses jouent les yeux bandés. Dans le noir total. Sur un terrain de volley-ball, l’équipe attaquante fait rouler avec force un ballon rempli de grelots vers le but adverse, défendu par trois adversaires.

Dans le cop tricolore, on a d’yeux que pour elle : Gwendoline Matos fait l’unanimité. Photo : Xavier Ducordeaux.
Dans le cop tricolore, on a d’yeux que pour elle : Gwendoline Matos fait l’unanimité. Photo : Xavier Ducordeaux.

Le public de l’Arena Paris 6 a pris place en tribunes. L’ambiance est extraordinaire. Jamais un match de goalball ne s’était déroulé devant 5 000 spectateurs aussi bouillants. Au moment d’entrer sur le parquet, Gwendoline est saisie de frissons :

 

J’avais beaucoup de stress, beaucoup de pression. Mais on a entendu le public, dès notre entrée dans l’Arena : c’était la folie. Et le stress s’est transformée en bonheur d’être là. J’attendais ce moment depuis 2016 ! La ola : on ne l’a pas vu, bien sûr ! Mais le bruit tournait autour de nous. Ce moment va rester gravé.

Gwendoline Matos

Gwendoline Matos s’apprête à déclencher un tir. Elle en tentera une quarantaine durant la rencontre. Photo : Xavier Ducordeaux.
Gwendoline Matos s’apprête à déclencher un tir. Elle en tentera une quarantaine durant la rencontre. Photo : Xavier Ducordeaux.

Devant sa famille, ses parents, son oncle, sa tante et son copain « Gilou », Gwendoline a tout tenté : elle est celle qui a tiré le plus de fois aux but (40 fois), se heurtant systématiquement sur un mur canadien parfaitement hermétique. Dans les tribunes, Gilles est inquiet. Après 1’30, la France est déjà menée 2-0, et sa Gwendoline n’a pas son allant habituel : « Elle est stressée ; elle retient ses frappes ». L’homme la connait par cœur. Ensemble dans la vie, ils partagent la passion du goalball : « J’y joue aussi. On s’entraine ensemble. Elle vient sur mes compétitions en tant que coach. Je suis forcément à fond derrière elle, elle vit son rêve ».

La famille de Gwendoline, premiers supporters des « Bleues ». En haut, casquette France sur la tête : Gilles, son copain. En dessous, tous avec le maillot de l’équipe de France, de gauche à droite : Carole, sa tante ; Noël, son oncle ; Lucie, sa maman et Arménio, son papa. Photo : Xavier Ducordeaux.
La famille de Gwendoline, premiers supporters des « Bleues ». En haut, casquette France sur la tête : Gilles, son copain. En dessous, tous avec le maillot de l’équipe de France, de gauche à droite : Carole, sa tante ; Noël, son oncle ; Lucie, sa maman et Arménio, son papa. Photo : Xavier Ducordeaux.

Lucie et Armenio, ses parents, ont pris la voiture tôt le matin depuis leur petit village de Lect, dans le Jura. Ils ont posé deux jours de congés pour venir encourager leur fille : « On n’arrivait pas à y croire, jusqu’à ce qu’on l’aperçoive hier à la télé, à la cérémonie d’ouverture. C’est tellement de fierté » nous confie Lucie, les sanglots dans la gorge. Elle ne parviendra pas à retenir ses larmes lorsque son nom sera scandé par un public en feu, qui ne lâchera jamais les « Bleues ».

Les canadiennes, trop puissantes
Les buts s’enchaînent, et à la mi-temps, les canadiennes mènent 5-0. Plus puissantes, elles ne relâchent pas leur étreinte, dans le sillage d’une Emma Reinke intraitable (6 buts). Sa maman est là aussi, et elle n’en finit plus de se lever pour célébrer un nouveau but de sa fille.

La maman d’Emma Reinke a passé son après-midi debout, à célébrer les buts de sa fille. Photo : Xavier Ducordeaux.
La maman d’Emma Reinke a passé son après-midi debout, à célébrer les buts de sa fille. Photo : Xavier Ducordeaux.

La France s’incline finalement 10-0. Une défaite cuisante, loin de doucher l’enthousiasme d’un Armenio plus fier que jamais : « Elle était belle ! Elle gagnera la prochaine fois ». La prochaine fois, ce sera samedi, à 19h00, contre la Corée. Arménio, Lucie et Gilles seront de nouveau là, pour pousser derrière les françaises.

Déçues mais pas abattues, les « Bleues » remercient leur public. Photo : Xavier Ducordeaux.
Déçues mais pas abattues, les « Bleues » remercient leur public. Photo : Xavier Ducordeaux.

Gwendoline et les « Bleues » regagnent les vestiaires, après avoir remercié leur public. Une heure plus tard, elle nous rappelle pour nous raconter son match et ses émotions :

 

Le match a forcément été compliqué : les canadiennes sont plus fortes que nous. On a fait quelques fautes individuelles qui nous ont coûté cher, mais on n’a rien lâché. Et on a pris du plaisir quand même. Pour la suite, on se projette sur le match de la Corée. On va de nouveau tout donner, rester l’équipe de France. Les Jeux à Paris, c’est une fois. Nous sommes à jamais les premiers français à participer aux Jeux dans la catégorie goalball. Nous l’aurons fait. Le mot, c’est plaisir. Profiter.

Gwendoline Matos

Les Françaises vont devoir se remobiliser : prochain match contre la Corée, samedi, à 19h00. Photo : Xavier Ducordeaux.
Les Françaises vont devoir se remobiliser : prochain match contre la Corée, samedi, à 19h00. Photo : Xavier Ducordeaux.

Héloïse Rondepierre n’est pas entrée

Atteinte d’une maladie génétique qui touche la rétine et altère la vision centrale depuis son enfance, Loïse Rondepierre est l’autre Bourguignonne-Franc-Comtoise de l’équipe de France de goalball. Architecte dans la vie, elle participe elle aussi à ses premiers Jeux Paralympiques. Née à Mâcon (71), elle joue désormais pour le club sportif Valentin Haüy de Lyon (69). Face au Canada, Héloïse n’est pas entrée en jeu.

Héloïse Rondepierre (n°8) espère faire ses débuts avec les « Bleues » samedi, face à la Corée. Photo : Xavier Ducordeaux.
Héloïse Rondepierre (n°8) espère faire ses débuts avec les « Bleues » samedi, face à la Corée. Photo : Xavier Ducordeaux.