Formateur en boulangerie à Besançon (25), Mathieu Dizien-Cheviet a fabriqué pendant 10 jours le pain des athlètes au village olympique.

« Je reviens avec des étoiles plein les yeux ». Mathieu Dizien-Cheviet a vécu un rêve. Le bisontin est rentré de Paris mardi : durant 10 jours, il a tenu le fournil du village olympique des athlètes. L’ancien boulanger de Besançon, aujourd’hui formateur au CFA Hilaire de Chardonnet à la Malcombe, a confectionné plus de 1 500 baguettes de tradition française pour les stars des JO. D’Antoine Dupond à Rafaël Nadal, en passant par Zinédine Zidane et Nicolas Karabatic, tous se sont pressés chaque matin à la « bakery » pour obtenir l’un des symboles de la culture française.

Rencontre avec les athlètes à la boulangerie. photo : DR
Quelques rencontres marquantes pour le boulanger bisontin : les poloïstes américaines ; la gardienne de l’équipe de France de handball Cléopâtre Darleux ; l’américain Fred Kerley (médaillé de bronze du 100 mètres) ou encore le français Sébastien Patrice, médaillé de bronze en escrime. Photos : DR

« On était partis pour en faire 400 par jour. Le succès était tel que l’on en a fabriqué 1500. Tout le monde voulait sa baguette. On a improvisé un bar à tartines, avec du beurre, des pâtes à tartiner maison, des confitures. On ouvrait à 7h, les athlètes venaient, prenaient leur petit-déjeuner vers nous. On échangeait quelques mots, comme si on était dans notre boulangerie de campagne. Une expérience extraordinaire. »

Mathieu Dizien-Cheviet

Parmi les habitués, le médaillé de bronze du 100 mètres, l’américain Fred Kerley. « D’ailleurs, tous les américains étaient friands de nos baguettes » a remarqué Mathieu. La méga star Simone Biles est bien entendu passée, pour déguster un pain au cacao nutritionnel. L’équipe de France de volley avait également ses habitudes.

Les volleyeurs francais
Les volleyeurs Kevin Tillie et Earvin Ngapeth, habitués de la boulangerie : ils joueront demain la médaille d’or olympique face à la Pologne. Photo : DR

Mais sa plus belle rencontre, c’est sans doute celle avec la nageuse sud-africaine Tatjana Smith. Lundi 29 juillet, elle dégustait sa baguette le matin sur la terrasse de la boulangerie. L’après-midi, elle repassait au fournil pour participer à un atelier de fabrication de pain. Le soir, elle devenait championne Olympique du 100 mètres brasse : « On a vu sa course le soir à l’hôtel. Ça nous a fait bizarre de se dire que l’après-midi, on faisait du pain avec elle ! Le lendemain, elle est repassée avec sa médaille pour prendre des photos avec nous et nous remercier » se rappelle Mathieu.

la nageuse sud-africaine Tatjana Smith
Championne olympique du 100 mètres brasse, la nageuse sud-africaine Tatjana Smith s’est aussi emparée de l’argent sur 200 mètres. Photo : DR

Le bisontin n’a pas compté ses heures. Les journées commençaient à 4h, se terminaient à 18h : « On rentrait à l’hôtel, on se lavait et on se couchait. On n’a pas vu les Jeux, mais ce n’est pas grave. C’était tellement magique de côtoyer toutes ces stars ».

Le jeune boulanger de 31 ans est revenu dans le Doubs avec une belle collection de pins offerts par les athlètes. Cette aventure, qu’il pensait unique, pourrait se prolonger dans quatre ans, aux jeux e Los Angelès : « Devant le succès de la boulangerie, le CIO réfléchit à en créer une au village olympique de Los-Angeles. Ils nous ont demandé si on était intéressé. Evidemment, c’est oui ! »

Une success story à la française.

Quand les gymnastes canadiennes s’essayent à la fabrication du pain

Au fournil le matin pour fabriquer le pain, Mathieu et son homologue Tony proposaient l’après-midi des cessions de fabrication aux athlètes ; les rugbymen néo-zélandais y sont passés, ainsi que l’équipe de gymnastique féminine du Canada. Elles en ont fait une vidéo … croustillante, publiée sur le compte Instagram de l’athlète Ellie Black : « L’une des expériences la plus cool que j’ai faite au village » a indiqué la gymnaste canadienne.