Lors des huitièmes de finales en para tir à l’arc, le Dijonnais de 29 ans, s’est incliné face au Chinois Xinliang Ai. Retour sur le parcours de l’archer avec son entraineur Bastien Larpenteur.

A 16h24, les gradins des Invalides se lèvent. Acclamations et ban bourguignon ce dimanche 1er septembre, pour le para-archer Maxime Guerin qui s’entraine à Dijon. A 29 ans, il dispute ses premiers jeux paralympiques en tir à l’arc à poulie (une catégorie comme celle des valides avec scope et visette), avec une jambe atrophiée depuis la naissance.

Cerise sur le gâteau : son club est là en nombre pour venir l’encourager, grâce à des places offertes par la Région Bourgogne-Franche-Comté. « C’est un jeune plein d’avenir ! » lance d’emblée Bastien Larpenteur, président et entraineur à la Première Compagnie d’arc de Dijon. Avant le match, il déclarait : « Pour Maxime c’est quitte ou double. Il fait d’excellents scores à l’entrainement mais le soutien et les émotions sont très important pour lui. Il ne faut pas qu’il se laisse envahir par l’émotion car 97% du stade sera là pour lui. »

La Première Compagnie de tir à l’arc à Dijon n’a pas ménagé ses efforts pour soutenir Maxime Guerin. Crédit : Xavier Ducordeaux.
La Première Compagnie de tir à l’arc à Dijon n’a pas ménagé ses efforts pour soutenir Maxime Guerin. Crédit : Xavier Ducordeaux. 

Le plaisir avant tout

Son entraineur insiste sur la nécessité d’apprécier le moment. « Son objectif : tirer des flèches et se faire plaisir et ne pas avoir regret. » Et d’ajouter : « On est heureux de pouvoir l’accompagner : on a fait 8 championnats de France ensemble. Ça fait 1 an qu’on travaille sur la cohésion dans l’équipe, la gestion du stress. Maxime fonctionne beaucoup à l’affect et c’était important qu’il puisse retrouver du plaisir et de la confiance dans un Club structuré. » En effet, le Dijon tir à l’arc a été fondé en juin 1953 et accueille jusqu’à 130 archers.

Malheureusement pour Maxime Guerin, ses flèches n’auront pas battu celle du Chinois Xinliang Ai qui s’incline en huitième de finale. « Il a voulu être performant techniquement mais avec moins d’envie. C’était sa première saison à Dijon, un choix qu’on ne regrette aucunement. Au début, on a eu peur d’aborder son handicap, mais finalement il y a eu beaucoup d’autodérision au point d’affirmer : Au pire, il prendra sa jambe à son cou. » L’an prochain, il poursuivra sa préparation pour les Jeux paralympiques de Los Angeles à Dijon.

Maxime Guérin

Un sport en manque de visibilité

Et après les Jeux ? « On espère que cet événement encouragera la pratique du tir à l’arc mais on manque encore de visibilité ! Tous les matchs ne sont pas retransmis en direct. Ce qui est dommage pour un sport comme celui-là où les Jeux olympiques et paralympiques sont la plus grosse vitrine. »

Des portes ouvertes sont organisées par le club le 8 septembre, de quoi permettre de jauger si oui ou non l’engouement a gagné la Bourgogne-Franche-Comté. « La médaille de Jean-Charles Valladont a suscité un intérêt mais pour l’instant, on a reçu quelques mails mais on ne peut pas encore parler d’euphorie. Même si on commence déjà à être sollicité pour faire des animations auprès du public ou d’association »

Le but du club dijonnais est de lever les obstacles à la pratique. Peu importe le handicap, il est possible de pratiquer le tir à l’arc. « Il n’y a que de l’adaptation de matériel et des combinaisons comme avec certains qui tirent avec leur bouche mais cela nécessite des heures d’entraînement et d’acharnement. On a de la chance avec le tir à l’arc c’est qu’il n’y a pas de limite d’âge et de temps d’entraînement, c’est juste l’envie et c’est le plus important ! »

Informations :
www.
dijontiralarc.fr

Revivez l’épreuve, comme si vous y étiez 

Maxime Guérin

A son arrivée sur le cours, Maxime est accueilli par un ban bourguignon. Première flèche : un 10 pour se rassurer, et pour mettre la pression sur son adversaire chinois.

Ça marche : la tête de série n°1 du tournoi se manque à deux reprises ; Maxime vire en tête à l’issue de la première volée (29-28). On se prend à rêver. Mais la pression change de camp lorsque Ai règle la mire et enchaine les 10. A mi-parcours, c’est le Chinois qui est devant (+2).

Les tribunes, clairsemées avant l’arrivée du Français se sont remplies. Les « Allez Maxime » raisonnent à chaque flèche tirée par le Dijonnais. Il reçoit même un tonnerre d’encouragements avant d’attaquer la dernière volée, qu’il début à moins 3. Il n’a plus le choix, il lui faut être parfait et attendre la faute de son adversaire. Mais le chinois ne craque pas et termine par une volée parfaite à 30 sur 30. Maxime s’incline (144-139) et quitte les Invalides sous l’ovation du public. 

Eliminé en simple, il sera de nouveau en lice demain en double-mixte aux côtés de Julie Rigault-Chupin pour défier une paire australienne en huitième de finale.

Maxime Guérin
Maxime Guérin sera de nouveau en lice demain en double-mixte aux côtés de Julie Rigault-Chupin. Crédit : Xavier Ducordeaux